Nous vous proposons aujourd’hui les trois pires films de tous les temps: réalisation calamiteuse, jeu d’acteur mollasson, irrespect complet des licences auxquels ils se rapportent. Ces bouses font pleurer de rire les cinéphiles et pleurer tout court les amateurs de jeu vidéo.
En 1982, un film produit par Disney coupe le souffle des spectateurs. Mélange minimaliste d’images réelles et d’effets spéciaux, Tron s’approprie avec classe les codes et l’esthétique du jeu vidéo de son temps. C’est hélas un cuisant échec dans les salles. Mais le film devient culte avec les années et ouvre la voie du cinéma aux jeux vidéo. Une voie royale, d’abord utilisée avec parcimonie, avant d’en faire un fond de commerce exceptionnel qui favorise l’économie des deux industries. Tant et si bien que de nos jours, un Blockbuster digne de ce nom n’existe pas sans son jeu vidéo officiel ou vice-versa, un jeu extrêmement populaire ne saurait subsiter bien longtemps sans son adaptation cinématographique. Ce qui explique pourquoi il y a autant d’adaptations pourries.
Far Cry
Film realisé par Uwe Boll, sorti en 2008
Le pitch
Un dur à cuire, Jack Carver, et une journaliste sexy, Valérie, enquêtent sur un complexe militaire top secret situé dans une île du pacifique. A peine débarqués, ils sont attaqués par un groupe de mercenaires à la force surhumaine. Ils vont devoir lutter pour survivre.
Note finale : 1/10
J’avoue avoir longtemps hésité avec une autre adaptation de FPS, le fameux Doom (Andrzej Bartkowiak, 2005). Néanmoins, Far Cry est l’occasion pour moi de vous parler de Uwe Boll, le réalisateur de films tirés de jeux vidéo le plus prolifique au monde. Jugez plutôt un extrait de sa longue filmographie : House of the Dead (2003), Alone in the Dark (2005), BloodRayne (2006), Dungeon Siege (2006), BloodRayne 2 (2007), Postal (2008), Far Cry (2008), Alone in the Dark 2 (2008), Rampage (2009), BloodRayne 3 (2010), Bloody Roar (2011). Rendez-vous compte, Uwe Boll bat à plate couture le “monsieur jeu vidéo au cinéma”, Paul W. S. Anderson, qui a tout de même une filmographie bien chargée. Si l’ensemble de l’œuvre de Paul W.S. Anderson fait parti des films passables, ce n’est pas le cas des films d’Uwe Boll: leur quantité n’a d’égale que leur incroyable nullité.
Et Far Cry n’échappe pas à la règle: à croire que Uwe Boll n’a jamais joué au FPS de sa vie, car à part l’île exotique comme décor, rien ne vient justifier le lien de parenté entre le jeu et le film. On pourrait lui pardonner si les scènes d’action décoiffaient le spectateur, mais il n’en est rien. Il est en effet difficile de croire que le film a bénéficié de 30 millions de dollars de production. Uwe Boll a dû jouer au PMU avec le pactole, car rien ne vient justifier à l’écran une telle somme : les effets spéciaux, les mutants et les fusillades sont désespérément ratés et pathétiques. Le seul point revient à l’humour qui, s’il ne parvient pas à sauver les meubles, fera sourire sporadiquement les nostalgiques des films d’action des années 1980.
Street Fighter: l’ultime combat
Film réalisé par Steven E. de Souza, sorti en 1994
Le général Bison (Raúl Juliá) et ses sbires enlèvent 63 membres d’une association humanitaire pour réclamer une rançon colossale. Le commandant en chef des forces de l’ONU Guile (Jean-Claude Van Damme) passe outre les ordres de la bureaucratie et conclut ses allocutions télévisées par des bras d’honneur:
– Guile: “20 milliards de dollars de rançon?! Qu’est-ce qui va l’empêcher de prendre un autre paquet d’otages dans quelques semaines et d’en réclamer deux fois plus !”
– Son supérieur: “Colonel Guile, vous vous oubliez, je crois.”
– Guile: “Non, c’est vous qui avez oublié vos couilles.”
Note finale : 2/10
En 1993, le public asiatique est conquis par un film chinois, Future Cops, qui reprend les personnages de Street Fighter. Reste un défi de taille : réussir à charmer le public occidental. Afin de mettre à mal la popularité grandissante du concurrent Mortal Kombat, Capcom s’offre le luxe d’engager la “star inaccessible” JCVD, alors au top de sa carrière, pour 6,2 millions de dollars. Steven E. de Souza (scénariste de Die Hard) réalise le film, qui dispose d’un budget de 35 millions de dollars.
Le réalisateur ne s’est pas contenté d’un scénario à base de tournoi mondial d’arts martiaux. Guile traque Bison jusque dans sa base secrète de Shadaloo City, à l’aide de la plupart des combattants du jeu (Chun-Li, Ryu et Ken…). Et c’est finalement là le plus gros problème: comment établir un fil conducteur vraisemblable entre une quinzaine de personnages? L’histoire de Guile, chef militaire procédant à un putsch au sein de l’ONU, est lamentable. Tout comme le général Bison, dictateur d’opérette. Les acteurs, de JCVD à la chanteuse Kylie Minogue, sont surpayés pour compenser le fait d’apparaitre ridicules à l’écran. L’œuvre originale est méprisée, avec des acteurs peu ressemblants, des incohérences (Dalshim et Blanka) et des combats longs à venir (au bout d’une heure de film) dans des décors en carton. On retiendra peut-être seulement les dialogues finement ciselés:
– Honda : “Je suis sumo, p’tit gars. Mon corps peut être quelque part et mon esprit ailleurs.”
– Balrog : “À ta prochaine absence, tu m’ramènes une pizza… Donne ta main.”
– Honda : “Ça fait pas deux heures qu’on est là. Tu n’peux pas t’branler seul?”
– Balrog : “Donne ta main, bouffon!”
A noter, la seconde adaptation du jeu de Capcom, Street Fighter : La légende de Chun-Li (2009) est cette fois réalisée par Andrzej Bartkowiak, celui qui a pondu Doom. Et comme on pouvait s’y attendre, c’est une belle bouse !
Super Mario Bros
Film réalisé par Rocky Morton, Annabel Jankel et Roland Joffé, sorti en 1993
Le pitch
Bowser Koopa (Dennis Hopper) règne en tyran sur une planète quasiment désertique où les hommes descendent non pas des singes, mais des dinosaures. Ses sbires enlèvent Daisy, la fiancée de Luigi, car elle possède la clé qui ouvre un pont entre ce monde et le nôtre. Koopa rêve d’envahir la Terre et de faire « désévoluer » (changer un humain en singe) tous ceux qui s’opposeront à lui. Mario (Bob Hoskins) et Luigi décident de retrouver Daisy et de mettre fin au règne despotique de Koopa.
Note finale : 3/10
Adapter Mario au cinéma relève du pari impossible. Imaginez que, durant 1h30, vous observiez un gros lard moustachu en salopette rouge qui, tour à tour, écrase des tortues, casse des briques et mange des champignons. Cela passerait encore auprès d’un public âgé de moins de 10 ans, mais pour un public adolescent, l’ennui risque de s’installer fermement. Et, détail, qui a son importance, la production du film date de 1993. Les enfants qui ont découvert Mario au milieu des années 1980 sur NES sont à présent des teenagers qui ne jurent que par le mouvement artistique Cyberpunk et la SF, dont Blade Runner et Dune sont les dignes représentants. Pas moins de trois réalisateurs et trois scénaristes vont s’acharner à faire rentrer Mario et ses codes dans un univers Cyberpunk, pour correspondre aux attentes des adolescents. Au mépris des gamers, je vous l’accorde.
Du coup, les erreurs se comptent par kilo tandis que les références au jeu vidéo proprement dit se comptent sur les doigts de la main: le thème principal du jeu Super Mario Bros, que l’on entend dix secondes au tout début du film, est rapidement éclipsé par des notes de musique glauque. On remarque la présence de Bob-Omb, bombe miniature qui se déplace sur ses petites jambes. La fameuse aptitude de Mario à faire des bonds phénoménaux est « rationnelle », puisqu’il est ici équipé de bottes de futur. Les Bill Balles servent d’ailleurs de recharges pour ces super bottes. Une scène de course poursuite avec la police évoque Super Mario Kart de 1992. Enfin, Si Yoshi est bien présent, il a une apparence « photoréaliste » de bébé velociraptor. Pas si surprenant, quand on sait que Jurassic Park sortait en juin 1993 aux États-Unis, c’est-à-dire au même moment.
Rédacteur en chef du Vortex. Amateur de Pop-Corn.
Créateur de singularités.